Echos de campagne d’Eva Joly - Pendant la campagne présidentielle 2012 >
Eva Joly sort "Sans tricher", (édition les Arènes), livre biographique où elle dévoile une partie de son parcours et sa manière de voir la politique. "Björk, Dany Cohn Bendit, Fukushima, son entrée en politique
Pour la première fois Eva Joly se confie dans un livre autobiographique
Voici les extraits exclusifs de « Sans tricher » (ed. Les Arènes) qui parait mercredi 1er février en libraire.
Séance de couture dans la chambre de bonne
La jeune Eva arrive en France à 20 ans et devient jeune fille au pair chez les Joly. « Chez eux, où j’arrivais comme jeune fille au pair en février 1964 le bon goà »t est une règle impérative. J’ai senti que ma robe verte ne passait pas très bien ?! A l’époque, je n’avais pas le sou, je vivais avec 200 francs par mois et mes parents ne m’envoyaient rien de Norvège. Je suis donc allée au marché Saint-Pierre. J’ai acheté un crêpe noir et un patron. Je me suis fait un ensemble que j’ai cousu à la main dans ma chambre de bonne [...]. Le fils, Pascal Joly, et moi sommes tombés amoureux. La bienveillance des premiers temps s’est muée en méfiance au fur et à mesure que notre histoire s’est affirmée puis en hostilité lorsque Pascal et moi avons annoncé notre mariage [...]. Nous habitions un petit studio de 14 m2. Mon futur mari commençait ses études de médecine, longues et accaparantes. Pour nous faire vivre, j’ai travaillé comme secrétaire.  »
Affaire Elf : « J’ai reçu des menaces de mort  »
Eva Joly devient juge d’instruction et s’occupe de l’affaire Elf à partir de 1994. « Une instruction qui allait occuper huit années de ma vie et transformer ma vision du monde [...]. L’Afrique, le continent le plus pauvre du monde, participait à l’enrichissement d’une foule de gens et finançait sans doute une partie de la vie politique française [...]. Ce fut mon premier combat contre les lobbys - et ce ne sera pas le dernier [...]. Je dormais avec l’affaire Elf. J’ai subi toutes les pressions et menaces qu’on peut imaginer. Y compris des menaces de mort. (...) J’avais été menacée de mort, protégée par des gardes du corps. »
« Bayrou est venu chez moi  », mais le « frère choisi  », c’est Cohn-Bendit
Eva Joly veut entrer en politique. « Je voulais agir. Rejoindre l’UMP, c’était évidemment hors de question compte tenu des soutiens de la droite à l’ordre économique et social injuste que je voulais continuer à changer. Les socialistes ? L’influence de Roland Dumas et de ses compagnons du premier cercle de François Mitterrand restait forte. Leur conception du pouvoir ne me donnait pas envie de frapper à cette porte. » Eva Joly se rapproche finalement de François Bayrou : « Il est venu chez moi, dans mon deux-pièces parisien. Nous avons pris un verre sur la terrasse [...]. L’homme est estimable. Il a voté contre le bouclier fiscal et s’est opposé à Nicolas Sarkozy. Mais sur le reste des questions économiques sociales et écologiques, il reste au milieu du gué [...]. C’est à ce moment-là que Dany Cohn-Bendit m’a téléphoné. Il venait de fonder Europe Ecologie [...]. J’étais enthousiasmée par son projet, sa chaleur humaine, son énergie [...]. Il est arrivé dans ma vie comme un frère choisi.  »
Du lavage des couches à Fukushima
« J’ai été une mère de famille qui lave ses couches en tissu et qui trie ses déchets [...]. Si je ne suis pas née écologiste, je le suis devenue.  » Combat contre les algues vertes, défense d’une agriculture de proximité... Joly décrit ses nouvelles luttes et parle de son voyage à Fukushima en octobre 2011. « J’en suis revenue plus convaincue que jamais : le risque nucléaire est inacceptable [...]. Pour la première fois depuis un demi-siècle, en France comme en Allemagne, le lobby nucléaire commence à perdre la main. De toutes mes forces, je le combattrai.  »
« Mon amie Björk »
Au cours d’un mission pour le gouvernement finlandais, Eva Joly se rapproche de la chanteuse Björk qu’elle appelle « mon amie ». « C’est une citoyenne réfléchie et impliquée. (...) Quand je me suis lancée dans la campagne présidentielle, elle aura été parmi les premières à m’apporter son soutien. Dans plusieurs interviews, elle n’a pas hésité à évoquer mon intégrité. »
« La presse norvégienne me reproche... d’être trop française ?!  »
« Mon norvégien n’est plus assez bon ?! Mon langage s’était francisé à l’excès. [...] Dans mon pays natal, la presse me reproche... d’être trop française ?! Et pas seulement à cause de ce prétendu accent français qui apparaît maintenant quand je parle norvégien [...]. Je suis littéralement tombée en amour avec la France. Je suis ascendant viking sur vingt générations au moins. Mais une partie de moi [...] a immédiatement résonné avec la France, a fait corps avec elle  ».R.L.
« Sans tricher  », Eva Joly. Ed. les Arènes, 248 pages, 18 €
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